C'était notre Algérie (2011)

Texte d'Alain Vircondelet

Nouvelle édition du livre "Là-bas - Souvenirs d'une Algérie perdue" avec parfois un autre texte, et des photographies additionnelles.

"Cet été-là de 1962, plus de neuf cent mille Français d'Algérie quittent leur terre natale. D'autres déjà les ont précédés, plus avisés, plus habiles au maniement des affaires, mais les vrais fils de l'Algérie sont là, entassés dans les cales de paquebots, sur les quais, dans les halls d'aéroport, livrés à l'exode le plus spectaculaire que la France ait connu depuis la dernière guerre, misérable troupeau sans bagages, semblables à leurs ancêtres venus avec rien, aventuriers rebelles ou pionniers rêveurs, découvrant l'Afrique comme d'autres avait cherché l'Ouest...

... Allez, qu'importe donc, frère algérien, que tu aies débaptisé notre chère rue Michelet que nos mères, juchées sur leurs talons aiguilles, arpentaient en se pavanant pour faire les belles. Oui, qu'importe que tu l'aies appelée désormais rue Didouche-Mourad, du nom d'un de tes combattants que tu appelles "martyrs". L'Algérie, tu le sais bien, et quoi que tes dirigeants fassent, appartient à tous ceux qui y sont nés et de ces dons qu'elle leur a faits, nul n'en pourra jamais faire taire le chant."
Alain Vircondelet, universitaire et écrivain né à Alger, auteur notamment de Alger l'amour, Maman la blanche, La vie la vie, Albert Camus fils d'Alger (Prix Méditerrannée de l'essai 2010).

Photos
Jean-Pierre Stora